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LES FEMMES TONDUES:

Un sujet longtemps tabou et oublié

1.Un poème

Comprenne qui voudra


Moi mon remords ce fut
La malheureuse qui resta
Sur le pavé
La victime raisonnable
À la robe déchirée
Au regard d’enfant perdue
Découronnée défigurée
Celle qui ressemble aux morts
Qui sont morts pour être aimés

Une fille faite pour un bouquet
Et couverte
Du noir crachat des ténèbres

Une fille galante
Comme une aurore de premier mai
La plus aimable bête

Souillée et qui n’a pas compris
Qu’elle est souillée
Une bête prise au piège
Des amateurs de beauté

Et ma mère la femme
Voudrait bien dorloter
Cette image idéale
De son malheur sur terre.


Paul Eluard

Ce poème a été écrit en 1944 à la Libération par Paul Eluard. Publié la même année dans son recueil "le rendez-vous allemand", P. Eluard a assisté aux scènes de tontes et exprime dans son poème, son indignation et son regret de n'avoir rien fait. Paul Eluard était un poète Français politiquement engagé, qui a été résistant pendant la guerre. Voici un témoignage décrivant ce qu'il a vu et ce qu'il a ressenti:

 « réaction de colère. Je revois, devant la boutique d'un coiffeur de la rue Grenelle, une magnifique chevelure féminine gisant sur le pavé. Je revois des idiotes lamentables tremblant de peur sous les rives de la foule. Elles n'avaient pas vendu la France et elles n'avaient souvent rien vendu du tout. Elles ne firent, en tout cas, de morale à personne. Tandis que les bandits à face d'apôtre, les Pétain, Laval, Darnand, Déat, Doriot, Luchaire, etc, sont partis. Certains même, connaissant leur puissance,restent tranquillement chez eux, dans l'espoir de recommencer demain. »

La phrase: « Souillée et qui n'a pas compris» montre l'innocence de ces femmes que le poète a voulu expliquer aux lecteurs. 
Le mot «remords» explique un silence et une non perception de cette violence.

Je trouve ce poème très fort, il exprime une forte violence, on éprouve de la pitié pour ces femmes.
 

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Paul Eluard

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