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4. Justice d'épuration

La répression des femmes coupables d'avoir collaboré pendant l'Occupation ne fut pas un fait mineur de l'épuration. La tonte fut l'une des armes de l'épuration principalement réalisée sur les femmes, acte rendu systématiquement publique.

« La tonte ne laisse derrière elle ni cadavre, ni tombe, ni fosse, ni enquête pour disparition, ni procès-verbal de découverte de corps à la gendarmerie... »

« Dès le premier jour, de nombreuses personnes arrêtées par n'importe qui ont été amenées, escortées par une foule en délire.

Il s'agit de femmes tondues menées en camion. Femmes conduites nu-pieds depuis la ville jusqu'à la prison ( le fort Montluc). Voici le cas d'une femmes déshabillée, dans un camion, toute ensanglantée. Un homme s'est avancé vers le camion arrêté et a tordu les seins de cette femme (incident place du pont). Lorsque les camions, arrivaient au fort, on a vu jeter à la foule les vêtements de ces femmes qui, sous les coups des FTP ou des anciens prisonniers, étaient introduites dans la cour. Encore plusieurs jours après, dans les commissariats (celui de Saint Jean) les forces de police étaient insuffisantes à empêcher les tortures [...]. »

 

Voici le témoignage d'un aumônier du Prado illustrant l'extrême violence de l'épuration par non seulement des Résistants mais aussi par la population pressée de se venger.

Le déroulé des tontes en France :

 

Les tontes s'étalèrent de 1943 à 1946. Ce furent donc des actes massivement répétés, qui ont parfois fait suite à un « jugement » et parfois fait par la population de manière spontanée et sauvage, sans que ce soit officiel.

Il est estimé qu'il y a eu environ vingt milles personnes tondu-es en France entre ces deux dates, pour la grande majorité des femmes.

Les tontes ont eu lieu sur tout le territoire, dans les villes comme dans les campagnes.

Les femmes tondues étaient accusées de « collaboration horizontale », c'est à dire d'avoir eu des rapports sexuels avec l'ennemi.

Certaines femmes étaient dénoncées, on allait les chercher et la tonte se déroulait le plus souvent en pleine rue ou sur des places, parfois même sur une scène, ou sur les marches de bâtiment officiel.

Une fois tondue, les femmes étaient « exposées » et défilaient dans la ville ou le village pour être humiliées et vues de tous le monde.

Les tontes pouvaient être annoncées publiquement comme un spectacle pour qu'un maximum de personnes y assistent.

 

Après ce châtiment, les femmes pouvaient être emprisonnées, interdites de séjour dans leurs villes. On rapporte plusieurs suicides.

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A Lyon :

 

Quelques chiffres :

  • L'estimation dans le rhône, serait de 240 femmes qui auraient été arrêtées, sans savoir précisément si la totalité ont été tondues.

  • A Lyon, 54% de femmes sont détenues pour collaboration contre 45, 9% d'hommes.

  • En Septembre 1944, la cour martiale comptabilise 7 procès dont le premier date du 13 Septembre (10 jours après la libération de Lyon)

  • A Lyon, en Avril 1945, le préfet libère 27 prostituées qui étaient internées depuis plus de sept mois et qui n'avaient aucune activité politique.

  • En France, le 1er Janvier 1946, 29 401 personnes dont 6 091 femmes soit 21% sont accusées de collaboration.

     

A Lyon, les femmes sont jugées et emprisonnées à Montluc, elles vont ensuite dans les prisons de Saint Jean et Saint Jospeh, mais la plupart vont à l’extérieur de Lyon dans les casernes de Valbonne et Vancia.

Le principal lieu de tonte est la place des terreaux même si les femmes défilaient principalement dans les rues.

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Ecrit par L. G-S

Sources: La France « virile », Des femmes tondues à la libération, Fabrice Virgili éd. Payot, 2004) et

Sylvie Altar," L'épuration des femmes à Lyon", colloque international genre et engagement, LARHRA, novembre 2016

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